MALI: Mode : ADA COKER, la grâce au service du travail
Cette jeune femme s’est donné les moyens de réaliser son rêve d’enfance, devenir top model. Elle défile désormais et fait des shootings photo pour plusieurs stylistes américains. L’ascension n’a pourtant pas été aisée pour la jeune femme de Sogoniko un quartier de la commune VI de Bamako.
Le mannequinat est un métier élitiste. Dans notre pays il est encore au stade presque embryonnaire et même mal perçu dans certains milieux conservateurs. Des classes vétustes du Lycée des filles Notre Dame du Niger, situé au quartier du fleuve de Bamako, aux défilés de mode dans les milieux huppés de Dallas aux Etats Unis, voici le parcours d’une jeune femme qui s’est tracé sa voie au bout de l’acharnement.
Notre compatriote Ada Coker a su se frayer son petit chemin dans le cercle réservé de la mode et du glamour. Comme si la beauté à elle seule suffisait à la réussite. Cette jeune femme de 23 ans, à la trajectoire jalonnée de tempérance, de ténacité et pugnacité, reconnaît que des personnes de son cercle familiale et de son entourage ont complété sa prédestination physique et physionomique pour cette activité professionnelle.
Sa sœur jumelle Awa Coker ne tarie pas d’éloge sur elle. « Elle est sociable, gentille. Je ne connais pas de défauts sur elle », confie-t-elle.
La jeune femme est Belle. Cette phrase sonne comme un euphémisme tant son charme et sa grâce aux origines africaines métissées du Mali pour sa mère et du Nigeria pour son père éclaboussent le public durant ses défilés. Le corps léger, un poids plume, plutôt mince. La chevelure africaine pas trop imposante, qui fait bien ressortir ses yeux de couleur noire. Le visage au pourtour finement taillé. Le teint éclatant, d’une couleur ébène plus que jamais mise en valeur. Le shooting parait faire partie de son attitude, c’est son naturel. Le talon d’Achille de cette créature, merveille de la nature serait-il, aux yeux de certains, sa taille moyenne (1,70 m) qui a un moment l’a défavorisé lors de certains castings. Au début, un de ses formateurs lui avait même dit qu’elle ne pourra pas devenir mannequin, car elle n’aurait pas la taille dans les codes.
Ada avoue réaliser son rêve. Depuis son jeune âge elle voulait défiler sur les tapis, durant les flashions-weeks. A 18 ans déjà, elle commence le mannequinat grâce à sa belle-sœur qui lui présente à Hamed Dembélé, un promoteur d’agence de mannequinat. Débutante, armée du courage, de la passion, elle ne calculait pas les efforts et ne voyait que son objectif, son rêve. « Au début, ce n’était pas facile, raconte-elle, je quittais l’école à 17heures pour aller faire la formation. Je quittais derrière le fleuve pour aller à Torokorobougou, la formation terminait vers 19heures, c’était un peu chaud ».
Le recul lui fait comprendre qu’il faut aussi avoir une tête bien faite pour évoluer dans ce monde. 2014, c’est l’année du Bac, elle se concentre sur les études, les tapis et les séances de photographie peuvent attendre.
Le Bac en poche, rien n’empêchait Ada de reprendre sa marche vers son rêve. Mais, la reprise est plus difficile que prévue. « Ça a été un peu compliqué de reprendre. Je devais tout reprendre, la formation, tout ce que j’avais appris. J’ai tout laissé, j’ai dû reprendre encore à zéro, mais ça n’a pas réellement abouti », confie-t-elle entre deux sourires.
La rencontre avec Fadi Maiga, son mentor, qui, comme elle le dit, « l’a prise sous ses ailes », promotrice de l’agence de mannequinat IGAIMA. Ada aura sa seconde chance, qu’elle ne manque pas de saisir. Elle commence à vraiment s’investir. Et elle réussit à s’améliorer. Le talent etle travail l’amènent aux Etats-Unis où son père la met en contact avec la maison de mannequinat Dragonfly.
C’est le début réel de sa carrière, elle défile régulièrement pour cette agence et fait des shoots. Elle reconnaît toujours continuer d’apprendre. « Le mannequinat est un monde vaste, admet-elle. J’apprends, je découvre et je rencontre surtout des gens, je trouve cela cool ».
« La tête sur les épaules »: l’attitude que les gens lui reconnaissent souvent. Elle voit au-delà de l’activité du mannequinat qui n’est pas éternelle. La jeune femme mène des études de langue anglaise et se voit bien évoluer dans l’humanitaire. Un domaine qui colle bien à sa personnalité, caractérisée par l’ouverture aux autres. « J’aime bien passer du temps avec ma famille, comme loisir j’aime bien dessiner, m’assumer. Je suis un peu stricte, pas trop, c’est ça ma personnalité », se décrit-elle.
Toujours la petite fille à sa maman, qui l’a beaucoup soutenue dans ses décisions. « Ma maman a toujours été là, du début jusqu’à maintenant, elle m’encourage», elle témoigne bien sa reconnaissance à sa mère. Elle est sur des projets actuellement, des défilés prévus et surtout des shoots.
Elle a un autre souhait, un meilleur essor pour le secteur de la mode au Mali. « Nous avons des grands stylistes, des mannequins, confie-t-elle. Au Mali les gens doivent croire en leur talent, en ce qu’ils font. On doit aussi aider ceux qui veulent s’engager dans ce domaine ».
Mohamed Touré